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Axel Springer se sépare de ses sites d’annonces et fait le pari d’un recentrage sur la presse

C’est un nouveau tournant dans l’histoire mouvementée du groupe de média Axel Springer. Quatre ans après être sorti de la Bourse pour s’allier avec le fonds de capital-investissement KKR, l’éditeur allemand a annoncé, jeudi 19 septembre, une nouvelle transformation radicale de ses activités. Le groupe se scinde en deux : d’un côté, les titres de presse (Bild, Die Welt, ainsi que les sites Politico et Insider), de l’autre, les activités numériques et d’annonces classées, cédées en majorité à KKR et au fonds de pension canadien CPPIB. La transaction devrait être effective au deuxième trimestre 2025. La valorisation de l’entreprise est établie à 13,5 milliards d’euros.
Le mouvement, évoqué dans la presse depuis plusieurs mois, n’en reste pas moins spectaculaire. Depuis le milieu des années 2000, anticipant les défis du numérique pour le financement de la presse, Axel Springer s’est spécialisé dans les plates-formes d’annonces en ligne. Puisque ces activités anciennement associées aux journaux menaçaient de leur échapper, happées par des acteurs numériques spécialisés, le groupe allemand a mené pendant plus de dix ans une large politique d’acquisition de sites dans toute l’Europe. Il en a résulté un large portefeuille de plates-formes numériques, comme le site d’emploi Stepstone et les activités d’annonces immobilières regroupées sous le nom AVIV, où figurent notamment le français SeLoger et l’allemand Immowelt.
Ces plates-formes numériques vont donc être cédées en majorité à KKR et à CPPIB. Axel Springer en conserve cependant une partie, qui pourrait s’élever à 15 %, précise la presse allemande. KKR et CPPIB ambitionnent de mettre en Bourse ce portefeuille d’activités numériques. En attendant, la valorisation du groupe allemand ressort des négociations à 13,5 milliards d’euros, contre 6,8 milliards au moment de la sortie de la Bourse en 2020. Sur cette somme, l’activité liée aux plates-formes numériques est évaluée à 10 milliards d’euros, l’activité média à 3,5 milliards. Axel Springer réduit à ses médias sort de l’opération avec un chiffre d’affaires resserré à 2,2 milliards d’euros, sans dette, contre presque 4 milliards en 2023. Le groupe revient essentiellement à sa vocation d’origine, la fabrication de médias, et semble de nouveau croire que la puissance du contenu journalistique payant puisse assurer seule la pérennité de l’entreprise.
Coté entre 1985 et 2020, Axel Springer redevient une entreprise familiale, détenue à 98 % par deux personnes privées : son PDG, Mathias Döpfner, à la tête de l’entreprise depuis 2002, et la famille Springer, dont Friede Springer, 82 ans, la veuve du fondateur du groupe. Débarrassés de leurs investisseurs, ils ont désormais tout pouvoir sur la destinée du groupe de presse. Dans un communiqué, Axel Springer a précisé vouloir se concentrer sur « sa mission la plus importante : façonner l’avenir du journalisme indépendant, soutenu par l’intelligence artificielle ». Il nourrit des projets de développement sur le marché anglo-saxon. Ses tentatives pour racheter les journaux britanniques Financial Times et The Times ont échoué, mais il a considérablement renforcé sa présence aux Etats-Unis depuis dix ans.
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